TocCyclopédie ■ Époques

Une bande de jeunes veut ouvrir une boîte de nuit dans un quartier défavorisé. Ils choisissent une maison abandonnée, dans laquelle un parrain de la pègre a été assassiné vingt ans auparavant.



Bones a été réalisé par Ernest R. Dickinson, qui a commencé sa carrière comme
chef-opérateur (le film de science-fiction Brother (1984) de John Sayles, Nola
Darling n'en fait qu'à sa tête
(1986) de Spike Lee...) avant de devenir un
réalisateur (le film de ghetto Juice (1992) avec le rappeur Tupac Shakkur, Futuresport
(1998) avec Wesley Snipes...) plutôt spécialisé dans les films d'action à petit
budget. Avec Bones, il renoue avec l'épouvante qu'il avait déjà abordé dans
le long métrage sortie en France en vidéo sous le titre Le cavalier du diable
(1995) (dérivé de la série TV Les contes de la crypte). Bones a été
tourné avec un budget assez modeste (10 millions de dollars) au Canada, où les coûts de
production sont notablement moins élevés qu'aux USA. Ce film cherche surtout à
exploiter la popularité du chanteur de Rap Snoop (Doggy) Dogg : on l'a déjà rencontré
dans des petits rôles pour des films américains (Baby boy (2001) de John
Singleton, Training day (2001) qui a valu au comédien Denzel Washington un
oscar...) et aussi dans des séries B d'action surtout destinées au marché de la vidéo
(Urban menace (1999) d'Albert Puyn...). On retrouve aussi Pam Grier (Coffy,
la panthère noire de Harlem
(1973), Scream, Blacula, Scream ! (1973), Jackie
Brown
(1997) de Tarantino, Ghosts of Mars (2001) de Carpenter...), Michael
T. Weiss (la série TV Le caméléon...)...
Bones s'inscrit délibérément dans le courant du cinéma populaire américain
dit Blaxploitation : apparu au début des années 70 dans la foulée d'un cinéma
indépendant et contestataire, ce style de film mettait en scène des héros Noirs forts
et indépendants. Il a ses titres fondateurs avec Sweet Sweetback's Baad Asssss Song (1971)
écrit, interprété et réalisé par Melvin Van Peebles, et Les nuits rouges de
Harlem
(1971) de Gordon Parks. Puis, les classiques se succèdent : Super fly
(1972), Coffy, la panthère noire de Harlem avec Pam Grier, Dynamite Jones
(1973) avec Tamara Dobson, Le parrain de Harlem (1973) de Larry Cohen, Les
trafiquants d'hommes
(1973) avec Robert Roundtree... Si ce genre de films lorgne
plutôt vers le polar ou le cinéma d'action, il mènera aussi à des transpositions
Noires de films d'horreur : Blacula (1972), Blackenstein (1973), Sugar
hill
(1975) et ses zombies... Pourtant, la Blaxploitation ne survivra pas vraiment
aux années 70. On retrouve néanmoins une adaptation du croquemitaine Freddy Kruger (Les
griffes de la nuit
(1984)...) au folklore afro-américain avec Candyman
(1992) de Bernard Rose, dans lequel le spectre d'un esclave lynché par des Blancs revient
tourmenter les descendants de ses bourreaux. De même, l'excellent Le sous-sol de la
peur
(1991) de Wes Craven emploie le mode du conte horrifique pour dénoncer
l'exploitation d'un ghetto Noir de Los Angeles par des Blancs.





1979 : le gangster Jimmy Bones dirige la pègre d'un quartier populaire Noir. Reprenant,
le cliché du "bon voyou", Bones présente Jimmy comme un espèce de
mélange entre le Don Corleone de Le parrain (1972) et Robin des Bois. Les
richesses qu'il accumule par son "travail" sont redistribuées aux plus
nécessiteux, et il protège le ghetto contre d'avides trafiquants de drogues dures.
Pourtant, certains de ses complices, épaulés par un policier véreux, vont l'assassiner
dans sa somptueuse maison. Le quartier coloré et joyeux qu'il protégeait va alors
devenir un amas de sinistres taudis, laissés aux rats, aux dealers et aux junkies. Toute
cette partie du récit, se déroulant vingt ans avant l'histoire de Bones, nous
est présentée dans des flash back répartis tout au long du film : photographiés dans
des tons beiges claires légèrement passés et baignant dans une direction artistique
irrésistiblement 70s, ce sont clairement des hommages aux classiques policiers de la
Blaxploitation comme Les nuits rouges de Harlem ou Super fly.





Mais Bones est avant tout un film d'horreur. Âme en peine errant dans sa demeure
abandonnée, puis revenant d'outre-tombe prêt à accomplir sa vengeance, Jimmy Bones
utilise contre ses victimes des moyens surnaturels variés, spectaculaires et très
sanglants, s'inscrivant ainsi dans la tradition des croque-mitaines fantastiques comme
Freddy ou Candyman. Quand à sa résurrection très graphique, elle rappelle aussi bien Le
cauchemar de Freddy
(1988) que Hellraiser, le pacte (1987) de Clive Barker.
Érudit de l'horreur, Dickerson fait même une référence appuyée à Suspiria
(1977) d'Argento et Frayeurs (1980) de Fulci avec une violente attaque de vers de
terre grouillants : c'est assez inattendu dans un film américain destiné à un assez
large public. Quand à la maison hantée de Jimmy Bones, elle est décorée et éclairée
dans la plus pure tradition coloriste gothique (Les trois visages de la peur
(1963) de Mario Bava, Le cauchemar de Dracula (1958) de Terence Fisher...).





A tout cela, Bones rajoute de nombreux éléments de comédie (parfois drôles,
parfois lourds...), notamment dans la description de la bande de jeunes cherchant à
changer la maison du gangster en boîte de nuit. Le récit est riche, les comédiens sont
sympathiques (mais pas toujours très convaincants) et récit se permet de proposer, de
façon divertissante, une réflexion sociale en opposant Jimmy Bones (même après avoir
réussi, il reste fidèle à son quartier pauvre et à sa communauté) à un de ses
anciens complices devenu un homme d'affaire individualiste et ambitieux, cherchant à tout
prix à faire oublier son passé et son milieu social d'origine.





Pourtant malgré toute sa bonne volonté (on a peine à croire que Bones n'ait
coûté que 10 millions de dollars), ce film est tout de même bien inégal. Se dispersant
avec plus ou moins de bonheur dans des registres très variés (comédie, horreur, film de
gangster), reposant sur un script très profus, il finit par donner une impression de
fouillis et de confusion lassante. De même la conclusion, dans le monde de Necropolis,
sombre dans une laideur et un désordre qui rappelle le pire de la série des Freddy.





Bones est donc un film sympathique, devant lequel on ne s'ennuie guère.
Toutefois, il est aussi assez inégal et désordonné. On y retrouve néanmoins avec
plaisir un esprit assez typique du cinéma d'épouvante de la seconde moitié des années
80, quand Freddy Kruger terrorisait régulièrement les lycéens d'Elm Street et le public
des salles obscures. Bones est sorti aux USA à Halloween 2001, et il ne reçut
qu'un accueil mitigé, même rapporté à son modeste budget.







Bibliographie consultée


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